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Tangente vers l'est : roman / Maylis de Kerangal
Livre
Source : - 2011
Dès lÆouverture de ce bref roman, on prend le train en marche, en lÆoccurrence le Transsibérien, déjà loin de Moscou, à mi-chemin de lÆAsie. Le long du corridor, se presse une foule de passagers de 3e classe bardés de bagages, dÆoù se détache une horde de jeunes hommes en tenue camouflage agglutinés dans la fumée de cigarettes, que le sergent Letchov conduit à leur caserne dÆaffectation en Sibérie.Parmi eux, Aliocha, grand et massif, âgé de vingt ans mais encore puceau, et comme désarmé face aux premiers bizutages qui font partie du rituel de ces transports de conscrits. Il préfère sÆisoler, lui qui nÆa pas su trouver le moyen dÆéviter le service militaire, qui nÆattend rien de bon de cette vie soldatesque et sent la menace de cette destination hors limite. A lÆécart, il commence à échafauder les moyens de fausser compagnie à son régiment.Mais comment se faire la belle à coup sûr ? Profiter dÆun arrêt à la prochaine gare pour se fondre dans la foule et disparaître. A priori, il a tout à craindre de son sergent, mais aussi des deux provodnitsa, ces hôtesses de wagons, en charge de la maintenance des lieux et de la surveillance du moindre déplacement des voyageurs. Une première tentative échoue. Aussitôt repéré, il remonte dans le train.Sa fébrilité suspecte a dû le trahir. Occasion manquée donc, mais sur le quai, Aliocha a croisé une jeune Occidentale qui va bientôt sÆémouvoir de son sort : Hélène, une Française de 35 ans, montée en gare de Krasnoïarsk. Elle vient de quitter son amant Anton, un Russe rencontré à Paris et récemment revenu au pays gérer un énorme barrage, un homme quÆelle a suivi par amour près du fleuve du même nom.Malgré les barrières du langage, Aliocha et Hélène vont se comprendre à mi-mots. Toute une nuit, au gré dÆun roulis engourdissant, ils vont partager en secret le même compartiment, supporter les malentendus de cette promiscuité forcée et déjouer la traque au déserteur qui fait rage dÆun bout à lÆautre du train. Les voilà condamnés à suivre un chemin parallèle, chacun selon sa logique propre et incommunicable, à fuir vers lÆEst et son terminus océanique, Vladivostok.Une histoire fragile et fulgurante dans une langue sensuelle et fougueuse, laissant à nu des êtres pris dans la rhapsodie dÆun voyage qui sÆinvente à contre-courant. Ce texte a été conçu dans le cadre du voyage dÆécrivains dans le Transsibérien organisé par Cultures France pendant deux semaines, en juin 2010, sur la partie orientale du trajet Novossibirsk-Vladivostok. Sa première version, sous forme de fiction radiophonique, a été profondément remaniée pour le présent volume.
Voir la collection «Minimales (Paris), 2011»
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